L’Afrique a su conserver au fils des siècles une bonne partie de sa grandeur historique grâce à sa production et à sa maîtrise des masques ancestraux. La réalité n’est plus la même aujourd’hui. Lumière sur un patrimoine en voie de disparition.
Un retour dans le passé suffirait pour comprendre l’intense activité qu’il y’avait dans la production des masques en Afrique. Les preuves vivantes sont les œuvres d’artisans des royaumes africains cités dans l’histoire et dont les noms sont gravés dans les musées et les chefferies. La fabrication ou la reproduction des masques africains ancestraux subit de nos jours un coup dur au plan de la croissance. « Les croyances venues d’ailleurs ont donné une nouvelle expression aux masques africains qui étaient conçus sur la base des mythes et de la spiritualité des peuples. En leur attribuant des connotations péjoratives, la place qu’ils occupaient a été dévaluée ». François Bingono Bingono, anthropologue et écrivain camerounais, donne son point de vue sur la situation. Ndam Abdou, antiquaire localement connu, s’appuie sur un autre argument pour expliquer le phénomène. « La fabrication des masques se transmettait de façon héréditaire et initiatique. Or, plusieurs familles n’ont pas réussi à conserver l’héritage ancestral d’où la baisse du nombre de fabricants de masques aujourd’hui observée dans nos villes et villages ».
L’environnement a également sa part de responsabilité dans le frein de cette activité car, les outils de fabrication des masques sont rares et coûteux, ce qui explique la cherté des œuvres à la vente. Le niveau de vie des populations ne permet pas à la majorité de s’offrir un masque bien qu’on soit admiratif de l’œuvre d’art. Le peu de masques fabriqués sur place traverse le continent. François Bingono Bingono propose une solution : « Les États d’Afrique doivent sensibiliser les familles à la sauvegarde de leur patrimoine et créer des écoles artisanales pour former les jeunes à la fabrication des masques. Aussi, il faut accompagner les fabricants de ces objets d’arts dans leurs activités que telle sorte que leurs productions reviennent à la bourse du citoyen moyen ». Tchuisseu Lowé